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Créer un livre pour débutants à l’aquarelle

Avr 2, 2021 | 8 commentaires

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Comme je vous le racontais dans un précédent article, j’ai été contactée fin juin 2020 par une éditrice de chez Marabout pour écrire et illustrer un livre pour débutants à l’aquarelle. Dans cet article, je vais essayer de vous expliquer quelles sont les étapes, quels ont été mes ressentis, mes joies et mes difficultés. J’espère que cela vous intéressera !

Quand Pascale, mon éditrice, m’a parlé du livre, l’idée m’a tout de suite séduite. J’ai tout de suite eu plein d’idées quant à son contenu, que j’ai aussitôt notées dans un carnet. Le soir même je rédigeais un premier document avec la liste des chapitres que je pensais pouvoir figurer dans le livre. Je l’ai envoyée à mon éditrice, qui m’a rapidement donné un retour. J’avais une base assez solide pour commencer à dresser la liste des éléments précis qui figureraient dans chacune des parties. C’était assez stressant car j’étais loin de tous les maîtriser, mais certains sont incontournables (la brache de sapin et le houx pour les motifs de Noël par exemple). La liste s’est peu à peu allongée, et j’avais une bonne base pour commencer à travailler.

 

Les premiers brouillons

J’ai pris le temps en juillet de faire des brouillons de chacun des motifs que j’avais choisis, pour les pas à pas. Je me concentrais en faisant le motif pour bien identifier chaque étape de sa réalisation. J’ai ensuite repris tous ces brouillons pour rédiger les étapes de chaque élément. J’avais donc une base écrite solide pour ensuite réaliser les planches définitives.

Je stressais beaucoup pour les planches car je me disais qu’il ne fallait pas que je me loupe. J’ai compris après que ce n’était pas grave, que j’allais avoir assez de papier et finalement assez de temps. Le papier m’a d’ailleurs été fourni par Arteza : le papier watercolor expert, en cellulose. J’en avais envoyé une planche à la maison d’édition, qui avait trouvé que les couleurs ressortaient mieux sur lui que sur le papier 100% coton. Pas plus mal car il est bien moins onéreux. Imaginez rater un tout petit bout de feuille sur un papier comme ça, et ne pas pouvoir l’exploiter ……. !

feuille bleue aquarelle Saleanndre

Réaliser les aquarelles destinées à être publiées dans le livre

Le fait d’avoir écrit toutes les étapes m’a permis de peindre quelque chose de fidèle à ce que j’avais écrit. J’aurais peut-être pu m’y prendre autrement mais c’est ce qui me semblait le plus clair pour moi à ce moment-là. Les premières planches ont été très intimidantes. Je me disais qu’il ne fallait pas que je me loupe, que ces aquarelles allaient être imprimées dans un livre, qui allait rester ainsi à vie. J’ai maintenant un regard bienveillant sur ces aquarelles, dont par exemple le motif des trois roses : tout le temps notre style évolue, tout le temps on s’améliore. Ces roses sont celles que je faisais alors que j’avais commencé l’aquarelle il y a seulement un peu plus d’un an. Elles sont imparfaites mais témoignent d’un moment. Je ressens cela pour pas mal des compositions ; je me souviens du moment où je les ai peintes et c’est parfois émouvant.

 

Cours d’aquarelle et premier cobaye (ma maman !) 

Pendant l’été, ma maman a eu envie de tester l’aquarelle. Ça a été parfait car j’ai pu lui donner quelques petits cours, tout en notant toutes les petites erreurs du débutant à ne pas commettre (vous les retrouverez dans le livre ! Celle qui tape son pinceau au fond du pot d’eau, c’était elle ^^). Cet aspect a été hyper enrichissant et m’a vraiment permis de me mettre à la place du grand débutant. C’est là que j’ai écrit la quasi-totalité de la première partie technique du livre. Notez que pendant tout ce temps je n’avais eu mon éditrice en ligne qu’une fois, pour m’expliquer des choses sur la rémunération, le contrat, la taille du livre, etc. Elle m’a aussi montré la « maquette en blanc » du livre, le livre physique mais avec rien dessus. Elle me parle du « chemin de fer », terme très obscur pour moi au début mais qui en fait est un outil très pratique : il s’agit d’un document avec plein de cases, chacune d’elle représentant une page du livre. Le but est de toutes les remplir ^^.

Début juillet, un de mes rêves se réalise : j’enregistre la première partie de l’interview pour le Podcast Fait Main. J’y parle de mon expérience avec l’aquarelle et de l’annonce du livre. C’est vraiment top.

Je relis le carnet dans lequel j’ai écrit les tâches effectuées chaque jour où j’ai travaillé sur le livre, et je me rends compte qu’entre deux périodes de création intense (entre le 8 juillet et le 22 juillet, puis entre le 14 août et le 22 août) j’ai eu des périodes où je ne faisais rien pour le livre ; du moins rien de concret. Mais je suppose que pendant ces périodes de jachère ça décantait et que le travail s’effectuait en arrière-plan.

 

Réalisations des illustrations : le livre prend forme 

Une fois la rentrée scolaire effectuée, Pascale a été beaucoup plus présente. Elle a très rapidement voulu des visuels alors que j’avais surtout écrit. Je lui ai donc envoyé des scans des quelques planches que j’avais. Heureusement elle était toujours enthousiaste quant à mes aquarelles, et cela me donnait confiance pour continuer en ce sens. On a pas mal discuté par rapport aux pas à pas des compositions : je pensais au début faire à peine une dizaine de compositions, et proposer un schéma à l’encre des diverses étapes. Mais après concertation, on a conclu que ce serait peu efficace, et Pascale a eu l’idée de proposer des pages en mode « recherches au brouillons » pour certaines compo. En parallèle des pas à pas plus classiques, c’était plutôt sympa. J’ai toutefois dû faire pas mal de tests pour trouver la bonne manière de faire.

En septembre je peins et scanne beaucoup. Je ne savais pas que j’allais scanner mes planches, mais ça devient une habitude une fois que j’ai compris que c’était indispensable pour construire le chemin de fer. Heureusement je n’ai pas à les nettoyer avec photoshop : je les scanne très simplement, et les envoie directement à Pascale. C’est plus tard que je les enverrai par la poste. Début septembre je peins beaucoup de pas à pas, puis me mets à peindre des compositions. Je reçois le premier chemin de fer complété avec des aquarelles mi-septembre ; cela permet vraiment de se projeter, de voir ce qui va vraiment figurer sur le livre, à quelle page etc. Et c’est aussi à ce moment là que je contacte pour la première fois Mélanie, qui va devenir mon agent.

Je m’entraine beaucoup pour réussir quelques éléments que je n’ai jamais peints auparavant. C’est ce qui me prend le plus de temps je crois, mais j’apprends aussi beaucoup. Globalement mon livre est constitué de fleurs et végétaux que je savais déjà peindre avant ; mais comme on a décidé d’ajouter des motifs de Noël ou des fleurs plus conventionnelles, j’ai dû m’entrainer. C’est sympa de sortir ainsi de sa zone de confort, d’être challengé. C’est aussi très stressant ^^. Mélanie (mon agent) m’a concocté un rétro-planning avec les listes des éléments à peindre, ce qui me permet de ne pas trop stresser par rapport au temps dont je dispose. Je suis globalement souvent en avance sur celui-ci (organisation du tonnerre je vous dis ^^).

Le 21 septembre, j’enregistre à nouveau avec Mélanie du podcast et lui raconte tout ce qui s’est passé depuis la dernière fois que nous avons échangé début juillet. Fin septembre, il y a des jours où je suis très très productive. Je peins pour le livre mais publie également des aquarelles sur Instagram. Certaines sont inspirées des aquarelles que je crée pour le livre. Finalement, pour celles et ceux qui me connaissent bien, le contenu du livre n’est pas une totale surprise 😉.

 

Un vrai challenge

Début octobre, avec l’ajout de quelques aquarelles sur papier coton que j’avais réalisées auparavant, le chemin de fer commence à être vraiment dense. Je suis contente, ça prend une belle tournure. Je peins un peu moins pour le livre et un peu plus pour moi à ce moment-là, et me remets à fond sur le livre pendant les vacances de la Toussaint. C’est assez intense car je fais des compo, c’est long et parfois je dois recommencer (les cadres de feuilles et surtout la couronne de Noël… oui Noël m’aura donné du fil à retordre !^^).

Début novembre, je mets le livre en pause, en accord avec Pascale, pour me consacrer à mon inspection, que j’ai apprise deux semaines avant la date. C’est là que je suis bien contente d’avoir été en avance sur mon planning ! Fin novembre, une fois la pression un peu retombée, je refais quelques compo. Comme j’ai encore un peu de temps et que je veux que les aquarelles du livre soient au top, je prends le temps de recommencer et améliorer certaines choses (dont la couronne de roses, et le motif avec les gousses). Je crois que je refais aussi le cadre de renoncules, qui servira d’ailleurs à la couverture du livre !! Je me mets ensuite à la relecture du manuscrit, comme indiqué dans mon planning. Comme je suis sensée tout rendre le 14 décembre, je ne veux pas me stresser et tout faire au dernier moment. Mais ces dates ne sont finalement que théoriques, puisque le 14 décembre Pascale me dit que je peux attendre début janvier pour tout envoyer ! Je suis donc en quelques sortes en vacances. Entre temps j’ai trouvé un moyen pour faire parvenir mes aquarelles à Paris sans trop de dommages : je les ai emballées dans du papier de soie. Cette histoire m’a pris beaucoup d’espace mental car j’étais vraiment très stressée de devoir envoyer mes aquarelles et qu’elles soient abîmées, ou pire… perdues !

Les affaires reprennent début janvier, avec cette affaire d’envoi qui me prends beaucoup d’énergie en raison du stress que ça me procure : envoyer plus de 100 planches, réparties dans 3 cartons à dessin et 3 enveloppes Chronopost, chaque paquet faisant plus d’un kilo. Mais finalement c’est fait ! Je m’attelle ensuite à la compta : j’ai pu mettre aux frais du livre un certain nombre de commandes chez Aquarelles et Pinceaux, et ça c’est cool 😊.

Le mois de janvier est consacré à d’autres projets en lien avec l’aquarelle. Même si c’est une pause pour le livre, je l’ai en tête souvent, en me posant des questions sur la suite de l’avancée des choses…

 

La première maquette du livre et séance photo

Le 11 février j’ai enfin des nouvelles de Pascale, et là les choses s’accélèrent carrément : je reçois un premier visuel de la maquette, et ça c’est vraiment trop bien. Et le soir même, la première partie des pas à pas à relire… et à renvoyer pour le lendemain à la première heure. Là ça a vraiment été le rush ; par chance je n’avais pas de copies. Et le lendemain, relecture de la partie sur les compo. Je dois recréer pas mal de textes et de titres qui manquaient.

La semaine du 15 février est consacrée aux photos. Tout s’est décidé très vite. Cela me stressait pas mal, je n’avais aucune idée de la date, ni de la personne qui allait les faire, ni de l’organisation. Comme le couvre-feu avait redistribué les cartes, aucun photographe de Paris ne voulait venir en province ; Pascale avait idée de se débrouiller autrement. Mais moi j’avais bien envie qu’il y ait des photos. Alors j’ai fait appel à mon indic de choc, Camille, du Podcast « Les Cotentinois ». Elle m’a renseigné plusieurs photographes de la région, dont Julien Leplumey, qui vit à 200 mètres de chez moi. Incroyable. J’ai envoyé les coordonnées de son site à Pascale, qui l’a validé. Et à partir de là, ça a été super. La séance photo a duré sur toute une journée et s’est vraiment bien passée. On a pris des photos de moi en train de peindre le matin, et des photos de matériel et autres l’après-midi. Il manquait trois photos, donc Julien est revenu début mars. Tout a été validé, mis en place dans le chemin de fer. On s’est mises rapidement d’accord sur les photos avec Pascale.

Fin février je finalise le nuancier et revoie quelques planches. J’ai une journée dense en appels avec Pascale quand on discute de l’ordre des pages du livre. C’est très intéressant mais pas évident. Le 1er mars j’envoie une dernière enveloppe contenant quelques dernières planches et c’est bon !! Le livre est fini ! Le 12 mars je découvre la couverture du livre. Sur le coup je suis un peu surprise de l’intensité des couleurs, mais plus je la vois, plus elle me plait. Je suis contente de ne pas l’avoir crée exprès car cela m’aurait mis trop de pression. Et l’idée du contour est vraiment super. Le 15 mars je relis tout le livre une dernière fois.

Après plusieurs mois de travail plus ou moins intense selon les périodes, plus de 200 mails échangés, à peu près 140 aquarelles scannées et pas mal de temps passé au téléphone… le livre est fini ! Une autre étape émouvante a été de le découvrir sur Amazon début avril. Et prochainement, un moment très important va avoir lieu : l’annonce du livre sur Instagram. Je l’ai bien sûr dit à mes proches, à mes plus proches copines aquarellistes, mais pas à tant de monde que cela. J’ai vraiment hâte de vous en parler dans quelques jours maintenant !! (nous sommes le 12 avril quand j’écris ces mots).

 

Écrire un livre pour débutants à l’aquarelle : le bilan

Je vous joins ci-dessous un petit bilan des étapes de la création de mon livre :

  • Juin: Le contact avec la maison d’édition, qui vous explique sa vision, ses envies
  • Le brain storming et les échanges quant au contenu, mais aussi quant à la taille du livre, le nombre de pages etc
  • Eté : Les premiers textes et les premières illustrations
  • Septembre: Le contrat et les premiers retours
  • Septembre / octobre / décembre : Le chemin de fer, qui se complète au fur et à mesure
  • Encore des écrits et des illustrations
  • Janvier: envoi des planches
  • Février : nombreuses relectures
  • Février / mars: les séances photos
  • Mars: Finalisation des aquarelles
  • Discussions autour de l’ordre des pages et autres
  • Phase de relectures
  • La couverture
  • La maquette complète à relire
  • Mars / avril: Le tirage dans une imprimerie (environ 6 semaines)
  • Avril / mai: promo autour du livre
  • 19 mai: La sortie en librairie !!